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GOLDEN SWAMP WARBLER

GALERIE LHK, Paris
January 10 – February 28, 2009

 

Golden Swamp Warbler
For Ann Craven

 

Vermivora Chrysoptera is the scientific name of the marsh warbler with wings of gold. It is a small bird with a colorful beak, strong and truncated, whose flight is divided into successive twists, alternating flapping and slipping on the air, with wings closed. If all these details have little importance to us, to understand the work of Ann Craven, we need to know it has no interest in it either.

 

Ann Craven is a painter. She seeks the essence of the usual gestures of painting – but with a strong and sensitive paradoxical distance: her images are responsible for the most fragile of conscience of being but are also imbued with a serenity that is resolutely frivolous. She paints tirelessly, in vain to defy the “iconophagous” era that presently overwhelms us.
The color, the form and the substance, the respiration in the gesture, the internal time, the reverie – at the surface everything is distilled in a substance organized with birds, pandas or flowers, fifty orchids, four hundred moons repainted four hundred times. All these subjects represented, reproduced and repeated are above all objects of our attention. Ann Craven paints in the moonlight memories of the beloved. In a similar light she will share a prime ‘beer’ with friends amidst a painting of a ‘deer’. The benevolence of her thought is continuously rekindled in the repetitive present of her oblique lines, her stripes paintings, which she paints with the colors of ongoing works.
Ann might recall the secrets of a teenager from Reims who gave her the stack of bird cards she had collected in an ornithological magazine during her childhood spent podding romantic names such as “Warbler Marsh” and being fascinated by golden feathers she will probably never see. The mind’s eye often finds the most dazzling drives to leave the nest – in the images commitment to reality to describe the exact truth. Ann Craven paints the somewhere else of images – the thoughts. Ephemeral, stubborn, invasive, sometimes unfathomable, and flying they sometimes perch on the gesture of the hand as the Golden Swamp Warbler swings on a reed in the wind.

 

Golden Swamp Warbler
Pour Ann Craven

 

Vermivora Chrysoptera est le nom scientifique de la fauvette des marais à aile d’or. C’est un petit oiseau coloré au bec fort et tronqué, dont le vol se structure en rebondissements successifs, alternant le battement et le glissement sur l’air, les ailes fermées. Si tous ces détails ont peu d’importance pour nous, il faut savoir pour bien comprendre le travail d’Ann Craven, qu’ils n’ont aucun intérêt pour elle non plus.
Ann Craven est peintre. Elle cherche dans l’essence même des gestes habituels de la peinture l’accomplissement d’un acte fort et sensible mais paradoxalement distant de son sujet : ses images sont tout à la fois chargées de la plus fragile des consciences de l’être et empreintes d’une sérénité résolument futile. Elle peint sans relâche comme pour défier en vain l’ère iconophage qui nous submerge. La couleur, le fond et la forme, la respiration dans le geste, le temps intérieur, la rêverie, tout se condense à la surface, dans une matière qui s’organise en oiseaux, pandas ou fleurs, cinquante orchidées, quatre cents lunes, elles-mêmes recopiées quatre cents fois, autant de sujets représentés, reproduis et répétés dont chacun est avant tout un objet d’attention. Ann Craven peint le souvenir des êtres chers dans les lueurs de la lune. Elle peint l’envie légère et primordiale de partager une bière avec des amis dans la figure d’une biche. La bienveillance de sa pensée est sans cesse ravivée dans le présent répétitif de ses bandes obliques, ses stripes paintings, qu’elle peint avec les couleurs des autres travaux en cours. Elle ranime peut-être les secrets d’une adolescente de Reims qui lui avait confié ses « fiches oiseaux » de la revue ornithologique de son enfance toute proche où elle égrenait des noms romantiques comme « Fauvette des marais » et s’émerveillait des plumages dorés qu’elle ne verrait sans doute jamais. Souvent l’imaginaire trouve les ressorts les plus flamboyants de son envol dans l’attachement même des images à décrire le réel avec exactitude. Ann Craven peint l’ailleurs des images, les pensées, passagères, obstinées, envahissantes, indéchiffrables, volantes, qui parfois se perchent sur le geste de la main comme la Fauvette dorée des marais se pose sur le roseau pour se laisser balancer par le vent.

 

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